
Tête de rame : portrait n°6
A la rencontre d’inconnus, croisés dans les transports en commun, et croqués dans leur quotidien de voyageurs du matin et du soir, avec une petite touche d’imagination en plus. Petites capsules temporelles, reflets de notre temps.
Il a une bonne tête. La bonne tête de quelqu’un qui sème la bonne humeur. Noir de peau et débordant de couleurs. Un polo rayé jaune et bleu boutonné jusqu’au col, une écharpe Adidas UEFA Champions League, un bonnet bleu marine Oôra, des Nike rouge Airmax, un sac Diesel. Un vrai défilé de mode à lui tout seul. Attentif jusqu’au bout des ongles à son look. Jusqu’à porter des lunettes de soleil alors que le jour n’est pas encore levé… Il écoute de la musique avec un Urban Revolt Mobi et tchatche avec un ami assis face à lui, lui-même avec un casque audio. Plusieurs cerveaux ces jeunes. Parce qu’en même temps, ils jouent sur leur smartphone. Et puis, il y a ce bracelet en silicone orange. Le genre de bracelet distribué pour contrôler l’accès d’un site. L’a-t-il reçu à l’entrée d’une soirée, d’un salon professionnel ? C’est le marqueur qui le rattache à sa génération. Comme les moutons qu’on marque pour savoir à quel troupeau ils appartiennent. A trop vouloir se distinguer, ils finissent par en devenir commun. Reste qu’on préfère voir l’uniformité en couleur plutôt qu’en noir et blanc. Descente à Trappes pour notre fashion victim.