Tête de rame : portrait n°3
A la rencontre d’inconnus, croisés dans les transports en commun, et croqués dans leur quotidien de voyageurs du matin et du soir, avec une petite touche d’imagination en plus. Petites capsules temporelles, reflets de notre temps.
Il sourit à son téléphone. Le bonheur est entré dans la vie de ce jeune homme. Il repose son téléphone, attend que son étrange conversation se poursuive. Et sourit de nouveau en découvrant un nouveau message. Il doit avoir une trentaine d’années. Ses cheveux se dégarnissent déjà. Il est habillé comme un cadre de la finance, costume et cravate de rigueur. Mais comme peut le faire un jeune Versaillais, avec son loden et cette curieuse impression que le costume était déjà celui de son père. Exhumé de la naphtaline des placards de la grande maison bourgeoise de l’avenue de Paris. Ce ne peut être qu’une femme qui le rende ainsi heureux. Oubliant les regards qui l’entourent. Pour peu, il embrasserait son téléphone. Pudiquement. Peut-être se verront-ils à une prochaine soirée destinée à faire se rencontrer les gens de bonne famille. Pour que tradition et valeurs restent entre de bonnes mains. Celles qui s’accrochent à ce téléphone et à d’autres dans un train tout proche. Aimez-vous malgré vos ressemblances.